Anacarde, quand la Cote d'Ivoire enrichit le Ghana !

C'est pratiquement 125 milliards CFA que le Ghana veut tirer de l'exportation illicite de noix de cajou à partir de la Cote d'Ivoire en 2018 annonce le site Ghanaweb citant la GEPA, l’Autorité Ghanéenne de Promotion des Exportations.
Le pays devrait à nouveau profiter du trafic illicite de la noix qui règne entre le Ghana et la Côte d’Ivoire et ne semble nullement gêné de compter sur l'achat illégal qui leur profite .
Le Ghana qui ne produit que 70 000 tonnes de noix de cajou par an, bien loin derrière le voisin ivoirien qui a produit en 2016, 650 000 tonnes affiche un volume globale à l'exportation de 130 000 tonnes presque deux fois sa capacité de production.

Il faut dire que les ghanéen paient déjà la noix de cajou en Côte d'Ivoire avant l'annonce des prix officiels et l'ouverture de la campagne.
A Daoukro, l'anacarde se négocie actuellement à 700f/kg, à Agnibilekro à 800 f et à Bondoukou autour de 1.000f CFA. Des prix bien au dessus des prix pratiqués en Cote d'Ivoire.
Les conséquences de ce manque à gagner se reflète sur les données statistiques de la production de Bondoukou qui sont passées de 130.000 tonnes en 2015 à 70.000 tonnes en 2017.
Le manque à gagner est également aux niveaux des taxes qui devraient renflouer les caisses de l'État ivoirien 
Les complicités vont bien au delà du paysans qui ne veut vendre qu'au plus offrant, le trafic aux différentes frontières se passe au nez et à la barbe de tous, y compris les autorités des différentes localités. Pour ceux qui veulent faire de la résistance, poussés par un patriotisme mal vu, les menaces, intimidations et autres agressions ne se font pas attendre.
D'ailleurs l'année dernières des éléments de la Brigade Spéciale ont échappé de peu à un lynchage à la frontière Ghana-Cote d'Ivoire dans la région d'Agnibilekro par la population.
Les intérêts en jeu sont énormes et des agents de force de l'ordre n'hésitent pas à dire qu'ils cherchent leurs "12 millions " en référence aux récentes mutineries des quelques 8 500 soldats qui ont obtenu gain de cause.
Une véritable mafia transfrontalière est né depuis les années de crise dans le secteur et menace acteurs de la filière, autorités administratives et traditionnelles qui souvent face à la pression des populations laissent faire. 
Hormis les prix d'achat élevés au Ghana, plusieurs acteurs pointent du doigt les taxes à l’exportation et les coûts de transport élevés. Interrogé par Reuters, un exportateur souligne que le Ghana n’applique pas de taxe à l’exportation de cajou, contrairement à la Côte d’Ivoire qui a fixé une taxe de 85 FCFA pour le kilogramme (kg) de cajou. 
Le Ghana a en outre attiré plusieurs acheteurs malgré la taille de sa production à cause justement des chiffres dopés par le trafic provenant de la Cote d'Ivoire. Un phénomène qui a un effet de renchérissement sur les prix d'achat. La concurrence entre acheteurs.
Il faut également souligner que la transformation locale des noix de cajou est en avance comparé à la Cote d'Ivoire, 13 unités de transformation ayant une capacité de 60 000 tonnes pour une production de 70 000tonnes par an.
Le secteur ivoirien de l'anacarde compte 250.000 producteurs regroupés dans une vingtaine de coopératives.
La Côte d’Ivoire, 1er producteur et 1er exportateur mondial de la noix de cajou brute, avec un tonnage d'environ 700 000, soit 41% de l’offre internationale.
Le secteur emploie 1,5 million de personnes, directement ou indirectement qui se partage environ 300 milliards CFA chaque année, des revenus constamment en hausse.
Les différentes campagnes de sensibilisation entreprises en Cote d'Ivoire ont du mal à résister face à l'appât du gain. 
L'"or gris" en cote d'Ivoire confronté au défi de la transformation locale n'a pas encore fini de faire des vagues